Le sang tambourinait contre ses tempes. Toutes ces voix, cette idée d'émigrer les nés moldus, ça le touchait beaucoup plus qu'il ne l'aurait souhaité. Il aurait aimé se révolter, vraiment. Balancer une idée en étant assuré que tout le monde allait y acquiescer, mais ses forces étaient tellement obnubilées par l'envie de fuir cette réunion que même sa bouche refusait de s'ouvrir. Il passa une main sur son visage brûlant : son crâne lui était douloureux, et il fut bientôt prit d'acouphènes. Cette horrible sensation qui vous empêche de vous concentrer sur quoique ce soit d'autre que le désagréable qu'elle vous porte. Mais il secoua sa tête, inspira un bon coup pour pouvoir se concentrer sur la gravité des choses énoncées, et il essaya, tant bien que mal, de se faire entendre.

- Moi je dirais...

Il se faisait couper par tout le monde. Les petits bouts de phrase qu'il arrivait à placer n'étaient jamais complets, parce qu'il lâchait l'affaire. Le Fraser ne savait pas s'imposer, il en avait, des idées. Mais il était invisible, encore et toujours. Petit né moldu qu'il était, il ne valait pas grand chose à côté de ceux qui avaient baigné dans la magie depuis leur plus tendre enfance, admettons-le. "Non. Non, non. Matt, tu n'es pas là pour te dénigrer, bien au contraire." En effet, s'il était ici, c'est qu'il en valait la peine. Alors il écoutait les idées. Certaines étaient d'autant plus stressantes, encore plus angoissantes. Mais ils avaient raison : avec leur attrayante confiance, ils étaient presque assurés d'arriver à leurs fins. Matthew les admirait : si courageux. Lui ne faisait pas parti de cette catégorie. Il l'avait été. Plus jeune, il était téméraire. Mais ce complexe d'infériorité que lui avaient insufflés quelques sang purs restait toujours dans un coin de sa tête. Il vivait avec, depuis son entrée à Poudlard. Et même s'il avait réussi à se frayer un chemin, à trouver une certaine place dans ce monde qui devenait fou, il avait toujours peur. Il angoissait à l'idée de ne jamais être à la hauteur, de ne jamais savoir autant que les autres. Ce temps n'était pas révolu : l'adolescent qu'il avait été commandait encore son esprit d'adulte, et c'était sûrement la raison pour laquelle il s'infantilisait tant.
L'intervention de Minami interrompit les pensées incertaines du brun, et sans réfléchir, comme s'il pensait à voix haute, comme s'il s'assurait à lui même qu'il avait raison, il lança :

- D'accord avec le Monsieur ! Il nous faut un plan solide.

C'était quoi cette montée d'adrénaline là ? Bah alors Matt ? C'était un pique de confiance en soi complètement inhabituel. Il avait parlé fort, il avait presque crié. En même temps, il ne s'entendait presque plus penser avec tous ces avis qui fusaient dans tous les sens. C'était alarment, ça rappelait l'état de crise dans lequel l'anglaise magie était entrain de s'engouffrer. Ca faisait peur, mais on devait faire avec. Ils devaient se battre pour cette cause à laquelle ils s'adonnaient tous. Notre peureux en avait conscience : il était temps que ça change.