Les années d'apprentissage d'un vieux Maître des Potions ♦ H. Slughorn

Comment donc?
Est-il ainsi encore nécessaire de le présenter?

Il n'est cependant pas rare pour vous de croiser la silhouette rebondie de l'honorable et célébrissime professeur Horace Slughorn, docteur ès Potions et Philtres Magiques, maître des Potions à Poudlard, et directeur de la Maison Serpentard. Sous ses airs de vieux dandy aux costumes tweed trois-pièces impeccables, Slughorn est un esthète mondain qui aime voir et être vu. Souvent jovial, quelque peu excentrique, fin d'esprit et parfois guindé, il semble toujours manipuler les mots et les êtres par des mots toujours issus d'une langue soutenue et preuve d'une fine intelligence. Slughorn n'a jamais cessé d'étonner dans sa capacité à être vu sans pour autant regarder les moins intéressants.

A première vue, c'est un professeur élitiste mais compétent, que les élèves apprécient bien qu'ils l'estiment à des kilomètres de leurs réalités. Vieux mondain de la vie politique influente, il laisse l'impression d'appartenir à un autre monde, et de redescendre dans le commun des mortels lors de ses heures de cours. Beaucoup estiment impossible d'entrer dans son Club, tandis que certains s'agacent à le constater toujours aussi socialement influent. Slughorn est une sorte d'électron libre, liant le monde du dehors à celui bien particulier de Poudlard.
Mais rares sont ceux qui le connaissent vraiment.

Derrière ces airs mondains extravagants et manipulateurs, le Maître des Potions de Poudlard est un portrait fait de nuances de couleur et de caractères. Intelligent, il est un hypersensible capable d'analyser toutes les situations qui se présentent à lui. C'est bien pour cette raison qu'il a fait sien les codes mondains de la société, afin de contrôler plutôt que d'être contrôlé. Profondément marqué par les aléas sociaux de ses parents, notamment de la gloire diplomatique, puis de la chute sociale de son père, Horace s'est toujours protégé des influences extérieures et a toujours cherché à protéger un cocon confortable dans lequel il se réfugie à plusieurs moments de la journée. Slughorn a ainsi toujours voulu éviter de reproduire les erreurs de ses parents, se méfiant de ceux qui se prétendent amis, et gardant à distance tout danger personnel. C'est ainsi qu'on peut le voir comme égoïste et lâche, bien qu'il sache faire preuve d'honnêteté et de fidélité. Rongé par la culpabilité paternelle, il a parfois fait preuve de faiblesse, notamment devant Tom Jédusor. De telles erreurs font de lui une personne incertaine, mais attachante. Son désir de briller n'est finalement qu'un pansement à de la mésestime.

Les récents événements vécus par Slughorn, notamment son retour à Poudlard et la confiance donnée par Dumbledore à travers ce geste, l'obligent à s'investir davantage pour protéger les élèves et les valeurs humanistes auxquelles il a toujours cru. Que cela soit par besoin de sécurité personnelle, ou par idéal humain, Slughorn saura progressivement s'imposer...

Horace Slughorn est né à l'hôpital Sainte-Mangouste le vingt-huit avril mille neuf cent quatorze. Une date sans aucune importance, si on met de côté ses deux parents, Ignace et Lisbeth Slughorn.
Les deux sont des mondains, des haut-placés de la société. Ils ne se laissent jamais avoir par ceux qui ont de l'influence. Au contraire, ils veulent briller. En ce début de siècle, où la bourgeoisie revêt de plus en plus d'importance, ils veulent être les premiers Sang-Purs bourgeois à prendre le pouvoir. Après tout, ils ont été longtemps rejetés. Sang-Purs, certes, mais longtemps ruinés par la folie des grandeurs contractés par quelques inconscients ancêtres.

Longtemps, les Slughorn ont été vus comme des dépensiers, des poches trouées qu'il ne fallait pas fréquenter. A leur mariage, en 1910, Ignace et Lisbeth décident d'éliminer cette réputation dépréciative. Le jeune homme est un haut diplomate du Ministère de la Magie. Beau, charismatique, il n'est pas le portrait de son père, un vieil homme gourmand retiré dans un hôtel particulier payé par la fortune de son ancienne maîtresse. Elancé, grand, fin d'esprit et de visage, il contrôle les salons diplomatiques comme il contrôle les corps féminins qu'il met dans son lit. En rencontrant Lisbeth, il est forcé de changer de stratégie et d'imaginer une autre méthode de persuasion diplomatique. Finies les filles d'haut-placés, il met en valeur son intelligence, lui permettant alors de devenir l'un des plus jeunes ambassadeurs magiques d'Angleterre. A trente-et-un ans, et tandis que Lisbeth attend leur premier enfant, le voilà parti avec sa famille à Paris.

On ne peut donc imaginer la jeunesse du petit Horace sans penser aux soirées mondaines parisiennes orchestrées par Lisbeth et Ignace. Si l'une aime avoir l'apparence de la parfaite maîtresse de maison, l'autre s'en accommode très bien. Parce que tous les deux maîtrisent parfaitement les décors et costumes de la mondanité. En réalité, Lisbeth fait preuve d'une intelligence impressionnante et rebondit sur l'opportunité que leur venue en France crée. Elle redore le nom de Slughorn, et lui donne une nouvelle vie. Enseignant le piano à ses heures, elle se fait connaître auprès de la société influence française et organise de bien nombreux dîners qui brillent par leur réputation. Le petit Horace est une des splendeurs de ces soirées où bulles de champagne et hypocrisies sociales se mélangent. Le futur Maître des Potions est ainsi bringuebalé de salons en salons, découvrant la finesse des jeux mondains.
De jour, on lui dispense la meilleure éducation, pétrie de romans, contes, cartographies, histoire de la magie et runes anciennes. Horace, enfant unique, est habitué à vivre seul et ne s'entoure que des Don Quichotte sorciers qu'il rencontre dans les contes et légendes. Intelligent, il apprend rapidement à lire, à écrire, et maîtrise aussi bien l'anglais que le français. Une intelligence impressionnante qui, au fil des ans, l'isolera du reste du monde.
De son père, Horace garde encore le souvenir d'avoir toujours une garde robe s'adaptant à toutes les circonstances; de sa mère, l'exigence intellectuelle face à toutes les situations.

En 1922, Ignace est promu et revient en Angleterre auréolé d'une gloire et d'une réputation que peu peuvent contredire. Lisbeth est une référence en matière d'haute-bourgeoisie, et les Slughorn sont invités partout. Encore plus isolé, Horace apprend à se débrouiller seul et passe son temps le nez dans les livres, ou à observer ses parents en plein exercice mondain.
Une telle influence sociale provoque deux sentiments antithétiques, chez Horace. D'un côté, il est modelé par cette nécessité de briller dans les mondanités, ainsi que celle de constamment maîtriser son image. D'un autre point de vue, Slughorn est marqué par l'absence affective de ses parents, et exprimera toujours un profond besoin de confort et de protection personnelle.
Ses premiers pouvoirs magiques apparaissent, notamment le jour où tout son corps prend l'apparence de ses draps. Ses parents, paniqués, croient pendant quelques minutes qu'il a disparu du lit. Un don qu'il gardera toute sa vie, puisqu'il peut aujourd'hui se métamorphoser, notamment en fauteuil moelleux et confortable.

C'est pour lui le début de l'adolescence.



En entrant à Poudlard en 1925, dans la maison Serpentard, Horace vit une véritable métamorphose. De l'enfant observateur et solitaire, il se mue en un adolescent malin, plus excentrique et un brin gourmand. Il se surprend lui-même à fréquenter des élèves influents, et sait se placer aux postes les plus stratégiques. Proche du préfet en chef, ou de préfets en tout genre, il laisse entendre quelques idées, quelques conseils et ne demande aucune lumière. Toujours en train de jouer entre l'ombre et la lumière, il aime avoir un rôle de second, de roi de la nuit qu'on ne montre pas en guise de vitrine, mais qui a un véritable pouvoir influent.
Ses parents ne sont pas mécontents de lui. Sa culture générale accumulée pendant ses heures solitaires d'enfance lui sont utiles. Il brille en Potions Magiques, Métamorphoses et Histoire de la Magie, tandis qu'il prend conscience du poids de son nom à Poudlard. Les Slughorn sont désormais connus, les articles de journaux font briller les lettres du patronyme du père d'Horace. Une réputation est à tenir, et il le fait à merveille.

Plus les années passent, plus cette mise en scène sociale qui peut paraître artificielle s'estompe au profit d'une besoin de solitude. S'il continue à être un Serpentard influent, il souhaite l'être avec plus de profondeur, et non plus en surface. Ses soirées l'obligent de plus en plus à errer dans la bibliothèque, ou dans la salle de Potions. Ses conversations, lorsqu'il rentre au Manoir familial et que ses parents reçoivent, sont plus fournies et plus profondes. Horace tente ainsi d'imprimer sa marque auprès de celle de ses parents qui, eux, n'en ont pas terminé avec le pouvoir.

Slughorn est intimement persuadé qu'il doit se différencier de ses parents, mais aussi se protéger davantage qu'eux. Exposés aux hypocrisies politiques et sociales, les Slughorn sont de froids politiciens qui se sont de plus en plus éloignés d'Horace. Bien plus en proie à un manque d'estime de lui-même, le jeune homme cherche de plus en plus à se prouver qu'il est intelligent, et souhaite réussir par les études, et non seulement par son nom.
Il prend donc un temps ses distances, et passe avec brio ses BUSEs et ASPICs. Entouré par un cercle d'amis influents, célèbres, mais aussi soudés, ils sont la future génération de dirigeants qui prend parfois le contre-coup de l'oligarchie puriste. Des sang-mêlés et des nés-moldus côtoient les plus grands noms Sorciers, et tous s'entendent sur la nécessité de ravir le pouvoir aux plus anciennes générations. Slughorn ne le sait pas encore, mais de telles ambitions vous couper l'herbe sous le pied de son propre père. Il fomente déjà l'un de ses plus grands regrets...
Il sort ainsi de Poudlard surdiplômé, ayant la réputation d'une jeune homme solitaire, ambitieux et intelligent. Une réputation guère très éloignée d'un autre Serpentard qu'il prendra sous son aile quelques dix ans après.



C'est ainsi qu'en 1932, il entre dans l'Université Magique de Londres, en s'inscrivant au Département d'Etudes en Potions et Philtres Magiques. Parallèlement, il devient stagiaire chez l'apothicaire du Chemin de Traverse. Ses parents n'approuvent pas un tel abaissement, tandis qu'Horace, toujours modelé d'après les codes sociaux, y voit une occasion de se faire des contacts et d'être vu dans le domaine des potionnistes. Il crée progressivement un cercle de personnes compétentes autour de lui, tandis qu'il se démarque de celui de ses parents.

De leur côté, les choses vont mal.
La montée en puissance de Grindelwald oblige les Puristes et conservateurs à choisir leur camp. Deux lignes s'opposent en Angleterre. D'un côté, ceux qui se considèrent comme socialement plus élevés et qui défendent un idéal conservateur. De l'autre, des extrémistes qui souhaiteraient éliminer les moldus, sinon pleinement les contrôler. Chez les premiers, les Slughorn font figure de modérés ; il va donc de soi que chez les seconds, ils sont des traîtres à la cause Puriste.
Si l'influence d'Ignace Slughorn au Département de la Coopération Magique Internationale le prédisposait à en prendre prochainement la direction, les conflits au sein de la branche politique conservatrice le desservent et lui font perdre de sa superbe. Lisbeth, de son côté, refuse tout amalgame et se bat pour que sa famille ne soit pas vue comme raciste. Mais c'est sans compter l'impressionnante capacité qu'ont les influents à retourner leur veste. Progressivement, leur influence mondaine a davantage d'impact dans les cercles bourgeois, mais Ignace perd de sa superbe au Ministère et ne peut être nommé que Conseiller aux Affaires Européennes du nouveau Directeur de la Coopération Magique Internationale.

C'est ainsi qu'à partir des années trente, Ignace s'efface au profit de Lisbeth qui choisit de s'opposer ouvertement aux idées de Grindelwald. Profondément marqué par la lâcheté de son père, et entraîné par le courage de sa mère, Horace sera toute sa vie dévoré par sa volonté de se venger de la société, et celle de ne jamais vivre l'affront imposé à son père. Il héritera de la lâcheté de son père, et du courage de sa mère. Un courage qui saura, espérons-le, s'affirmer dans les situations les plus critiques...
De fait conscient des dangers que représente l'affirmation claire d'idées politiques, Horace se contente de se créer un carnet d'adresse. A l'Université, il organise petites soirées autour d'un groupe qu'il baptise le Slug's cabinet. Différents étudiants et futurs entrepreneurs se tiennent à ses côtés, et réfléchissent au meilleur moyen d'imposer d'autres idées dans une société au bord de la guerre civile. Tous ont conscience de la nécessité qu'il y a de s'imposer dans les hautes sphères du pouvoir. L'un ambitionne déjà la Gazette du Sorcier, l'autre se voit Ministre, tandis que certains s'imaginent déjà actionnaires de groupes industriels magiques. Horace fait figure d'entremetteur de l'ombre.

Huit ans plus tard, en 1940, il sort diplômé de l'Université. Docteur en Potions et Philtres Magiques, il a axé ses recherches autour du lien entre Potions magiques et Alchimie. Toujours aussi intéressé par la faculté que des philtres magiques ont dans le domaine de la métamorphose, il est repéré par Armando Dippet qui décide de l'inviter à prendre en charge quelques classes de Potions. La vieille Maîtresse des Potions, rongée par l'alcool, n'assure des cours qu'aux premières et deuxièmes années qui, péniblement, tentent de comprendre quelque chose aux Potions. Il lui est alors possible de reprendre la direction de la maison Serpentard, poste laissé par Herbert Beery parti en retraite l'été précédent.
Une telle notoriété chez les Serpentard oblige Dippet à imposer le départ de la Maîtresse des Potions en titre. Slughorn devient ainsi officiellement Maître des Potions en 1941, un an avant que ne bascule.



Admis à Poudlard en 1937, le jeune Tom Jédusor fait la connaissance de Slughorn trois ans plus tard. Il a la chance de faire partie de ceux qui suivent ses cours dès 1940, et il se rapproche de lui.
Ainsi, lorsque Slughorn devient le seul professeur de Potions en poste, Jédusor entre parmi ses intimes et fait partie des membres du maintenant célèbre Club de Slug. Composé principalement de sorciers talentueux, cette élite de Poudlard regroupe également les amis que le Maître des Potions s'est fait à Poudlard et à l'Université.
Les relations entre les deux sont troubles. Slughorn retrouve dans ce jeune homme le charisme charmant de son père, tandis que le Maître des Potions fait figure d'autorité morale et de tremplin intellectuel pour Jédusor.
C'est ainsi qu'une soirée de 1942 se transforme en profond regret pour Horace Slughorn. Quelque peu éméché, et en pleine digestion, le Maître des Potions ne voit pas les fils pourtant évidents de la manipulation séduisante du jeune Jédusor. Il révèle à ce dernier ses connaissances quant aux Horcruxes, fier alors qu'on s'intéresse au savoir qu'il a acquis au fil des ans. Son manque de confiance en lui le pousse ainsi à se faire avoir. Et la culpabilité prendra ensuite le relais, lorsqu'il se rendra compte que le nouveau Voldemort s'est servi de ses révélations.

Il continue cependant à enseigner, et se rapproche considérablement d'un Dumbledore fatigué de sa lutte contre Grindelwald. Les deux hommes se comprennent, notamment dans leur volonté de briller et leurs grandes capacités intellectuelles. Gryffondor et Serpentard s'entendent à merveille.
Beaucoup voient en ces deux hommes les futurs potentiels Directeurs de Poudlard. Si Albus expérimente une manière très naturelle dans l'enseignement de la Métamorphose, notamment en mettant en valeur l'expérimentation des sortilèges et le lien presque fraternel avec les élèves, Horace, lui, entend préparer ses élèves aux élites de la nation Sorcière. Dandy élégant, il fait des Potions un art de la finesse intellectuelle, où la patience, le bon goût et l'ambition sont les maîtres et vecteurs de la réussite.  
Ce sont ainsi eux qui proposent différentes réformes dans l'école. Les match de Quidditch sont diversifiés, et les repas d'Halloween et Noël institutionnalisés. On laisse de côté de vieilles habitudes, comme les représentations théâtrales au cours desquelles les élèves s'ennuient à mourir faute de modernité artistique.

Slughorn retire un excellent souvenir de ces années d'enseignement. C'est ainsi qu'il rencontre James et Lilly Potter, Severus Black, Minerva McGonagall, Pomona Chourave. Tous s'accorderont à dire qu'il fut un excellent professeur de Potions, et beaucoup s'appuyèrent sur son réseau d'influence pour avancer dans la société.
Pendant toutes ces années, Slughorn aura su se construire un cocon protecteur, dans lequel, toutefois, il n'aura jamais cessé de briller. Protégé par Poudlard, il aura fait de l'école un endroit sûr mais aussi mondain, faisant de l'école de Sorcellerie l'une des meilleures d'Europe, voire du monde entier.



A partir des années soixante-dix, Slughorn se tient plus en retrait.
La décennie commence mal, puisqu'Ignace, le père, s'éteint en 1971, laissant derrière une brillante carrière Ministérielle soudainement achevée par quelques problèmes politiques. L'année suivante, suite à la mort soudaine de Cuthbert Binns, jusqu'à alors Directeur-adjoint de Dumbledore, le Directeur de Poudlard préfère la jeune McGonagall à un Slughorn déçu par son ami. La montée en puissance de Voldemort oblige l'Ordre du Phénix à s'organiser, et l'affiliation de Poudlard à ce groupe gêne Slughorn.
Terrifié par Voldemort, rongé par la culpabilité, il ne reste à Poudlard parce qu'il sait que c'est l'unique lieu sûr d'Angleterre. Une armoire à disparaître relie les Cachots de l'école au Manoir Slughorn, ce qui lui permet de garder un lien constant avec sa mère. Une même armoire qui sera entreposée dans la Salle sur demande suite à son départ en retraite...
Pendant toutes ces années de guerre civile, Slughorn tente de noyer le poisson en continuant à faire de Poudlard un lieu mondain où son club de réunit. Mais les invités se cachent et se font de plus en plus rares... Certains ne veulent pas être affiliés à l'Ordre du Phénix et préfèrent décliner l'invitation. Dumbledore et Slughorn encore plus, et l'ancien professeur de Métamorphose ne s'étonne pas du départ de Slughorn en Juillet 1981.

Slughorn retourne alors au Manoir familial, où sa mère ne tarde pas à s'éteindre, éprouvée par deux guerres civiles.
L'ancien Maître des Potions peine à retrouver la même splendeur sociale. Il reprend donc les activités de son club, et devient Consultant à la Gazette du Sorcier. Le célèbre journal Sorcier est donc parfois ponctué d'articles rédigés par un Slughorn toujours présent et influent. S'il s'éloigne définitivement de Dumbledore, il reste toujours aussi puissant dans les sphères mondaines et politiques. On le retrouve toujours dans les matchs de Quidditch, les inaugurations, les vernissages ou réceptions d'Etat. Consultant honoraire de l'Université Magique de Londres et de l'Hôpital Sainte-Mangouste, il mène une vie de rentier et profite avec confort et sérénité d'une bonne retraite. Poudlard reste pour lui un vieux château dans lequel il pense avoir enfermé toutes ses culpabilités.

Mais celles-ci le rattrapent bien vite dès 1995, lorsqu'il comprend que le secret des Horcruxes n'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd. Voldemort est de retour, et Yaxley ne tarde pas à contacter l'ancien Maître des Potions de Poudlard. Suite à un duel mêlant sortilèges d'attaque et fauteuils en mousse, Slughorn s'enfuit et vit une existence nomade pendant un an.
La suite, vous la connaissez tous...

De retour à Poudlard, Slughorn s'est imposé pendant un an comme un morse au milieu de la plage. Symbole du passé sûr et intellectuel de Poudlard, il est une référence en matière d'enseignement. Convaincu d'être protégé dans l'école, il rouvre son Club et mène une résistance sociale et culturelle, tout en prenant soin de tenir à distance les membres de l'Ordre du Phénix. Cherchant l'apaisement, davantage par lâcheté et aveuglement que par esprit pacifique, le vieux Maître des Potions rassure les parents d'élève et fait rire les plus jeunes. Vieux dandy enfermé dans son luxueux et confortable bureau du sixième étage, il attend bien calmement son heure.
Depuis la mort de Dumbledore, il se contente de ses heures de classe et ne sort pratiquement plus de son bureau. Quelques soirées sont organisées, mais il s'agit souvent de tête à tête qui lui permettent d'oublier la violence du monde du dehors. Calfeutré dans son cocon, il n'y sort plus un orteil et évite le plus possible la compagnie des autres. Mais la mort de son plus vieil ami a ouvert en lui une humanité que peu soupçonnaient, et il vaut mieux alors rester sur ses gardes.
Car, après tout, il est d'adage qu'il faut se méfier de l'eau qui dort...