I am small, I'm needy. Warm me up, and breathe me. Ft. Barbara

Depuis des jours, Barbara trainait des pieds. Le destin semblait avoir décidé de la punir. D’abords la soirée d’Halloween, dont la jeune fille se souviendrait encore longtemps. Puis sa semaine de convalescence et la découverte affolante de l’état de son dos. Brûlée vive, voilà ce à quoi elle pensait lorsqu’elle se regardait dans un miroir. Rien ne serait plus jamais comme avant, et ce cruel constat  plongeait l’Irlandaise dans une profonde tristesse. Et voilà que pour couronner le tout, Alec semblait l’avoir complètement oubliée. C’était très certainement cela qui donnait à la demoiselle cette furieuse envie de pleurer. Au début, elle avait pensé qu’il avait du mal à se remettre de cette terrible soirée. Tout le monde avait morflé, après tout. Mais au fil des jours, la jeune fille avait dû se rendre  à l’évidence. Il l’évitait. Ou alors, mais c’était là une hypothèse bien cruelle pour elle, il ne la voyait plus. Comment avait-elle pu être reléguée ainsi aux oubliettes ? A chaque fois qu’elle le croisait, dans les couloirs, dans la Grande salle ou encore dans la salle commune, elle avait envie de le secouer comme un prunier pour lui rafraîchir la mémoire. Maintenant, c’était la colère qui reprenait le dessus. Non, Barbara n’allait pas se laisser jeter de la sorte, sans riposter. Hors de question.  

Ce matin-là avait débuté comme tous les autres. Et ce petit manège pouvait bien durer encore des jours entiers, voire même des semaines. Il fallait qu’elle fasse quelque chose, n’importe quoi, avant qu’il ne soit trop tard. En espérant que cela ne le soit pas déjà…  Barbara s’était dirigée vers la Grande salle. A cette heure matinale, elle n’était pas bien remplie. Mais au moins, la personne qu’elle cherchait était là. D’un pas le plus assuré possible, la demoiselle s’était avancée jusqu’à venir s’assoir juste en face de lui. Là, il ne pouvait pas la rater. Elle posa les deux mains à plat sur la table, fixant l’intéressé droit dans les yeux.

« Toi, faut qu’on parle. »

Certes, cette entrée en matière n’était pas la plus douce. Mais Alec savait déjà que Barbara n’avait rien d’une diplomate.

Les prunelles de Barbara brûlent. Elle ne lâche pas l’accusé des yeux, bien décidée à lui faire part du fond de sa pensée. Comme prévu, il ne l’a même pas vue approcher. Mais à quoi peut-il bien penser, bon dieu ?  Sous le crâne de la demoiselle se bousculent tout un tas de songes contradictoires. Elle lui en veut, c’est certain. Elle lui tient rigueur de ne pas s’être déplacé lorsqu’elle était encore à l’infirmerie. Et il ne pouvait ignorer qu’elle avait été blessée durant la soirée d’Halloween. Il avait été présent quand le filet enflammé s’était abattu sur eux. Elle est donc fort curieuse de connaître la raison de cet « oubli ».

Mais d’un autre côté, la mine qu’il affiche lui serre le cœur. L’Irlandaise l’a pris au dépourvu, et Alec parait désemparé. Sa figure déconfite calme quelque peu les ardeurs de la jeune fille, et sa colère s’en trouve légèrement réduite. Barbara voit bien qu’il fuit son regard, qu’elle le rend mal à l’aise. L’espace d’une seconde, elle songe à laisser tomber et à ne pas l’accabler davantage. Mais il mérite qu’elle lui passe un savon. Si elle ne fait rien, elle pourrait très bien le regretter plus tard.
Avec mille précautions, Barbara enjambe le banc et vient s’assoir face à lui pour bien lui faire comprendre qu’elle n’a aucune intention de partir avant la fin de la discussion. Elle vrille son regard dans celui d’Alec. Le meilleur moyen de ne pas se dégonfler est d’y aller franco.

« Qu’est-ce qui se passe Alec ? Qu’est-ce que tu me caches ? Tu ferais mieux me le dire maintenant car je n’ai pas l’intention de te lâcher avant d’avoir eu quelques explications. »