quinn | paradise

La jolie saison de Noël pianotait doucement sur le château de Poudlard ; la neige trônait sur les tours, les sapins étaient décorés… Cependant, les décorations étaient clairement moins harmonieuses que les années passées. Selon Quinn du moins. À croire que la direction artistique du château avait pris congé. Ce ne serait pas étonnant si Ombrage avait renvoyé le comité, se disait la demi-vélane. Si ça ne tenait qu’à cette dernière, elle aurait déjà agrémenté les ornements avec d’autres couleurs, plus vives, plus chaleureuses. Alors que la Gryffondor admirait l’idée d’enguirlander le château complet, un sapin s’immisça dans son champ de vision. Le parfait candidat. S’assurant d’être bien à couvert des regards, elle utilisa le sortilège de Changement de couleur sur les décorations du sapin. Un peu plus de vert. Plus de jaune, une touche de rouge. Un peu de bleu. Voilà, c’était déjà beaucoup mieux. Ni vue, ni connue, elle fuit les lieux du crime.

C’est dans l’un des passages secrets qu’elle connaissait que la rouge et or disparaissait, pour réapparaître sur un des toits du château. Sauf qu’il y avait déjà quelqu’un, quelqu’une. Quelqu’une de sa maison, pour être plus précis, qu’elle avait déjà croisée, ça oui, mais à qui elle n’avait jamais vraiment beaucoup parlé. Et peut-être qu’elle voulait être seule, en fait. Askja ? Elle semblait un peu triste. Quinn lui offrit le plus charmant et le plus doux des sourires qu’elle put dénicher. Elle se promit à elle-même de ne pas trop parler. Il y avait une odeur bizarre. Dans la poche de son petit manteau elle y glissa sa main pour en sortir des Couinesouris en sucre datant de sa dernière escapade au Honeydukes. Où elle avait dévalisé la boutique avec les gallions que lui avait envoyé son cousin d’Allemagne, monsieur Egon. Il ne serait pas content, non. Quinn redoutait d’ailleurs sa lettre de reproches passives-agressives qui ne tarderait plus à arriver maintenant. Oh non, monsieur Egon n’envoyait pas de beuglantes. C’était pire, elle en était convaincue. S’approchant bientôt de l’autre Gryffondor, Quinn lui tendit un Couinesouris en sucre.

« Tu en veux ? »

Il n’existait rien de vraiment mieux que des friandises pour guérir les peines. Enfin, selon la demi-vélane. Elle espérait que c’était pareil pour sa vis-à-vis. Se glissant au sol pour s’asseoir et pour manger un Couinesouris en sucre, l’odeur étrange revint la narguer, et la cadette Thane remarqua que l’autre fumait quelque chose. Elle ne connaissait pas vraiment, si ce n’était que de vagues souvenirs.

« Oh ce n’est pas poison, promis !! »

Bon, trop tard, elle venait probablement de semer le doute, maintenant. Mais du coup ce serait elle qui rendrait l’âme la première. Oh, tant pis, mourir par empoisonnement de sucreries, ça ne semblait pas si mal. Sauf si c’était long et agonisant, certainement.

Ses Couinesouris en sucre paraissaient fonctionner pour remonter le moral, ou du moins, pour changer les idées d’Askja, puisque cette dernière en croqua un et lui assura qu’elle lui faisait confiance. Quinn s’en montra ravie, esquissant un sourire, alors que l’autre lui tendait un bonbon crocodile venant de son paquet à elle.

« Mes preferés ce sont ceux la »

La demi-vélane observa avec intérêt la friandise reptile ; ça lui rappelait la Bavière. Son frère rapportait toujours ce genre de bonbons en douce, parce que monsieur Egon n’aimait pas quand ils mangeaient trop de sucreries. Mais bon, elle et son frère finissaient toujours par s’empiffrer un peu avant qu’on ne découvre leur secret. Ainsi, Quinn avala le bonbon sans plus attendre, et sourit en voyant qu’Askja en avait toute une réserve. Des serpents, des bleus, des rouges, des fruits. Si la jeune Thane avait à évaluer le contenu de la poche de sa vis-à-vis Gryffondor sur 10, ce serait sans aucun doute un 12/10. Mais comme évaluer les poches des autres ce n’était pas vraiment un truc… bref.

« Enfin… Je sais pas si tu connais les bonbons moldus ou pas. Pardon ? »

« Oh, oui !! Un peu !! Enfin, pas tous, je connais mieux ceux d’Allemagne. Mais quel que soit le bonbon c’est toujours bon !! »

Sans mauvais jeu de mots ? Elle échappa un petit rire discret. Dire qu’elles étaient là à discuter de friandises, alors que le château de Poudlard semblait un peu moins radieux, ou jovial, qu’à l’habitude. Les passages secrets étaient utiles pour bien des choses, dont éviter la brigade de nuls d’Ombrage.

« Oui moi c’est Quinn !! Toi Askja ? Tu fumes quoi ? Ça sent bizarre un peu. »

Habitée de son entrain routinier, elle pointa la cigarette qui gisait sur le sol. Elle lui offrit un nouveau sourire, ne se voulant pas désagréable en posant ses questions. Elle ne fumait pas Quinn, ça ne lui disait rien en fait. Elle préférait les sucreries. Et le quidditch. Et plusieurs choses en fait. Ses amis n’étaient pas du genre à fumer, enfin sauf quelques exceptions. Mais peu lui importait en fait, elle était juste curieuse. Ce n’était pas vraiment une odeur commune dans l’air à Poudlard.

« Oh aussi. Merci pour le crocodile Askja !! »

C’était dans un endroit agréable que Quinn se trouvait, et la température était convenable, elle aussi. Oui c’était un petit peu froid, mais décembre amenait la neige et le vent, et aujourd’hui la demi-vélane ne comptait pas s’en plaindre. Car elle goûtait des friandises, et en bonne compagnie. Un parfait moment pour se rappeler à quel point Gryffondor était une bonne maison, où elle semblait avoir plein d’amis. Et en oubliant ses examens, et l’arrivée un peu nulle de la nouvelle directrice, l’instant présent était reposant. Alors, toujours souriante, la quatrième année écoutait le nouveau slogan d’Askja.

« Toujours bon ! »

Elle le répéta à nouveau, convaincue de son efficacité de slogan. Elle échappa un rire discret, qui se fit un peu plus découvert lorsque sa vis-à-vis lui confia que les gens avaient du mal à prononcer son nom. Parce que bon, la première fois où Quinn avait entendu le prénom de l’autre, elle l’avait répété au moins une vingtaine de fois dans sa tête pour pouvoir le prononcer correctement.

« Oh, c’est pas grave Askja, tu n’as pas besoin d’éteindre. »

À force de dire son prénom maintenant, elle ne devait pas s’en sortir trop mal. Et l’odeur ne l’embêtait pas tellement, c’était surtout sa curiosité qui la poussait à s’y intéresser. Puisque ce n’était pas vraiment habituel de sentir de l’herbe moldue à Poudlard.

« J’étais curieuse comme il n’y en a presque jamais à Poudlard. Du moins pas dans les endroits où je vais ? »

La demi-vélane croqua un nouveau Couinesouris en sucre avant de placer son sac de friandises devant elle, au milieu, pour qu’il soit à portée de main pour Askja également. Son sourire se fit un peu rêveur lorsqu’une question de sa jumelle de maison éveilla ses oreilles.

« Oh, hm, oui, peut-être ? Je n’y ai pas vraiment réfléchi à vrai dire. C’était, euh, instinctif. Je ne sais pas trop comment l’expliquer ? »

Il était rare pour Quinn de vivre une absence de mots, mais elle ne savait pas trop comment traduire son sentiment en paroles. Elle aimait venir ici, c’était joli, c’était calme peut-être, mais empli d’énergie aussi. Peut-être que c’était naturel de dénicher des endroits hauts, et beaux, et silencieux. Pourtant, Askja avait raison, elle aussi, parce qu’avec la brigade inquisitoriale, les couloirs de l’école n’étaient plus aussi agréables à voyager. Et que parfois Quinn n’avait plus vraiment l’énergie pour rester positive. Son frère lui manquait. Ses amis, dispersés autour d’elle, ne pouvaient tout de même pas noyer son sentiment d’isolement.

L’odeur était oui, un peu bizarre, pas spécialement agréable pour le nez. Mais c’était étranger, et presque nouveau, alors Quinn était bien plus curieuse que répugnée. Et Askja était peut-être soulagée que la demi-vélane ne lui demande pas de dissiper l’odeur, hasardant un « ouf », alors Quinn était contente elle aussi.

« Ça vide la tête ? Oh ? Mais comment ?! »

Parce qu’elle n’en avait jamais fumé et que ça lui était un peu étranger, à vrai dire. Elle espérait peut-être qu’Askja puisse lui démystifier ça ? Elle n’avait, en tout cas, pas réfléchi à l’éventualité qu’il était impossible ou difficile de décrire le pourquoi des effets. Quinn glissa ensuite un sourire à Askja qui posait sa main sur son avant-bras. La compagnie de son interlocutrice calmait son esprit agité.

« Oui, c’est lourd un peu. Comme un éléphant ! Sauf qu’un éléphant c’est bien mieux, bien plus gentil. Même si j’en ai jamais vu. »

La voilà partie sur les éléphants. D’où c’était venu, aucune idée, d’un recoin de sa tête, de son imagination débordante. La demi-vélane avait grandi dans une belle et large maison, isolée de tout, du mal, des peines, et forcément, de tout ce qui risquait noyer son enthousiasme et sa naïveté. Et maintenant, Poudlard voulait la tester, peut-être. Elle se laissa tomber sur le dos, creusant un ange dans la neige qui l’entourait.

« Une mauvaise personne, oui. Ses heures de colle font mal, en tout cas. »

Et elle se releva un instant, lui montrant des mots creusés, encore un peu rouges, sur la peau de sa main. Si Quinn lui montrait, c’était surtout parce qu’elle lui faisait confiance à Askja, là, tout de suite. Parce qu’elle se sentait en sécurité peut-être, sur ce toit perdu, enneigé, en bonne compagnie. Et ça ne faisait presque plus mal maintenant.

« Une potion qui appuie sur l’esprit !! Ce doit être magique ton truc !! »

Il existait tant de potions aux effets physiques, Quinn était toujours impressionnée d’entendre parler d’une potion aux effets plus abstraits.

« Oh c’est une meilleure comparaison !! »

Bien que la demi-vélane n’aimait pas toujours avouer son tort, elle savait tout de même apprécier la vérité quand elle la croisait. Et Askja avait les mots justes.

« Je suis sûre qu’elle a des dents tranchantes !! Je n’ai pas de crème par contre ? Enfin je n’y ai jamais pensé. J’ai toujours mis de l’eau sur les blessures. Ou bien de la neige ça fait la même chose aussi. »

Elle lança un regard rêveur sur la neige qui s’était déposée sur le toit.

« Je voulais aider un première année qu’elle avait puni mais visiblement… On ne peut plus aider les autres à Poudlard. »

Les traits de la demi-vélane se firent déçus. Non, elle n’était ni abattue, ni découragée, juste déçue. Son enthousiasme était toujours là, à l’intérieur, ne cherchant qu’à refaire surface. À repeindre tout Poudlard en jaune et rose, en sourires et rires.

« Mais bon je n’ai jamais été douée pour suivre les consignes, alors tant pis, autant continuer de briser le règlement !! »

Offrant un clin d’œil à sa comparse Gryffondor, elle échappa un léger rire.

« Des démons chats ? »

Des traits méditatifs se glissant sur son visage, Quinn sembla faire un plus un dans sa tête. Bien des questions hantèrent la Gryffondor la première fois qu’elle remarqua tous les chats tapissant les murs du bureau d’Ombrage. Elle réfléchit un instant, songeuse, préoccupée, silencieuse. Sortant bientôt de son monde nuageux, elle se retourna vers sa vis-à-vis, un air surpris dansant sur elle.

« C’est vrai… La dernière fois que j’ai mis les pieds dans son bureau les chats m’ont fait peur avec leurs grands yeux. »

Réalisant l’importance de ce que lui racontait Askja, elle se fit de plus en plus surprise, cheminant jusqu’à la stupeur.

« Sans doute ils sont des chats démons comme tu dis. Je crois qu’on devrait vraiment aller les libérer oui !!! »

Elle termina sur un ton enthousiaste, acceptant l’invitation d’Askja en un sourire agréable et attachant. Car si non seulement les Joncheruines polluaient la tête de la nouvelle directrice, des démons chats étant prisonniers sur les murs de son bureau était un fait parfaitement logique pour la demi-vélane. Et si les deux Gryffondors se trouvaient être les seules à connaître l’existence des démons chats, elles se devaient de les libérer.

Quinn fouilla sa poche à la recherche d’un stylo noir pour ensuite écrire, méticuleuse, 'crème moldue' sur sa main gauche. On lui avait appris à prendre des notes car elle oubliait toujours tout. Ou bien, elle s’en souvenait à moitié.

« Oui, et l’oppresseur est nul, et les règles sont nulles aussi. »

Quinn observait silencieusement sa vis-à-vis en hochant la tête répétitivement, enthousiaste. Askja lui mentionnait un livre sur les chats démons, ou les démons chats, ou les deux, et s’assurait qu’elles étaient d’accord sur le plan toutes les deux. Oui, Quinn trépignait d’impatience d’aller libérer des âmes prisonnières.

« La résistance ? Oui ! Ça sonne bien la résistance ! »

Bientôt son interlocutrice lui demanda de réfléchir à quelqu’un de confiance pour les aider dans l’opération Âme des Chats. Les pensées de la vélane volèrent d’abord vers Alec, qu’elle connaissait depuis plusieurs années maintenant, et qui était toujours là pour l’aider à réaliser tous ses plans les plus farfelus. Ensuite lui vint en tête Kieran, lui qui lui parlait toujours de l’Armée de Dumbledore, elle était certaine qu’il adorerait cette opération spéciale sauvetage des âmes prisonnières.

« Je pourrais en parler à Alec peut-être ? Ou à Kieran. Ou les deux. Oui, je vais leur en parler, je suis sûre qu’ils seraient prêts à nous aider ! Tu peux compter sur moi Askja ! »

Quinn esquissa un énorme sourire doux. Elle était ravie, et son visage rayonnait. Ce n'était pas tous les jours qu'une opération extra super mega secrète se mettait en place, et à laquelle elle prenait part.