Never Alone - Mana

Never alone

Leur frère avait toujours été derrière elles, à leur poser tout un panel de questions pour savoir qui leur avait infligé telle blessure, ou qui leur avait mal parlé. C'était la tête brûlée des Olsenn, et sûrement le seul des trois à avoir autant de courage (et d'imprudence) pour se jeter au milieu des malfaiteurs et leur donner une bonne leçon. Il pouvait en revenir le visage gonflé par les bleus, la lèvre sanguinolante, mais un sourire vainqueur se dessinait toujours sur ses lèvres, et Mana l'avait toujours admiré pour cela. Il osait les protéger malgré le danger, osait pointer du doigt ceux qui se devaient d'être punis pour leurs mauvaises actions. C'était leur protecteur, et elles, ses protégées. Cependant, elle voulait bien accorder à Ymir le fait qu'il était parfois un peu trop inquiet et qu'il se mettait beaucoup trop en danger à cause de ses impulsions de frère veillant sur la fratrie. Mana avait un lien fusionnel avec les jumeaux, mais elle savait bien que c'était la benjamine qui subissait le plus toutes les interrogations et le tempérament téméraire d'Osvald. Il fallait qu'elles trouvent un moyen de le rassurer d'une manière ou d'une autre, et ainsi amenuir peu à peu ses interrogations sans cesse affluentes. Devenir plus fortes. S'endurcir. Voilà ce que la poufsouffle de septième année pensait être la meilleure solution et comme le disait si bien Ymir, se terrer derrière les sauveurs n'était pas vraiment une chose à poursuivre. Mana en avait totalement conscience, et hocha doucement la tête. Elle semblait décidée à bien vouloir essayer, à bien vouloir dépasser ses craintes, mais la peur restait tout de même présente, ancrée en elle. Elle était effrayée à l'idée de ne pas réussir à s'imposer et de, encore une fois, subir les moqueries et coups des sang-purs. Ses poings se serrèrent sur ses cuisses, comme pour se donner un peu de courage, et sa voix raisonna, tremblante mais plus sûre, plus certaine. « Oui, tu as raison... Nous allons nous entraîner toutes les deux, et réussir à ne plus nous cacher derrière les autres. Peut-être que Osvald aura du mal à ne plus s'en faire, mais je pense que ça viendra au fur et à mesure. C'est la meilleure solution je suppose... » dit-elle, observant sa sœur. S'élever et oser était certainement la meilleure option, et celle qui leur permettrait à chacune de s'affirmer un peu plus et se sortir de leur victimisation.


Le jeu continuait. Les pions animés se déplaçaient sur la table d'échecs au rythme des positions données. La partie avançait calmement, et la discussion entre les sœurs aussi. Mana se sentait plus apaisée au fil des instants passés en la présence d'Ymir. Son cœur lui était moins douloureux. Ses sanglots disparaissaient. Les larmes d'abord naissantes au creux de ses yeux n'étaient plus qu'une partielle humidité. La jeune Olsenn de dernière année se sentait mieux, et elle le devait à sa benjamine, son petit rayon de soleil venue la chercher. C'était sa famille, une partie d'elle comme l'était sa mère, sa grande sœur, Osvald et son père. Cela leur ferait du bien à tous les trois de revoir leur génitrice et leur sœur déjà adulte. Elle avait besoin de souffler Mana, tout comme en avaient besoin les jumeaux. Si cela leur serait permis, ils retourneraient aux sources, là où leur vie avait débuté, là où tout avait commencé. En attendant, Ymir n'avait pas encore pris de nouvelles de leur mère, et Mana secoua doucement la tête de gauche à droite tandis que son regard concentré était rivé sur le jeu d'échec. Son sourire se crispa un peu sous le regret de ne pas encore avoir écrit. « Non, je n'ai rien envoyé non plus... A vrai dire, avec ce qui se passe en ce moment et les cours, je n'y pense pas toujours. Mais nous aurons l'occasion de lui en écrire une et surtout, nous irons la rejoindre, elle et grande sœur. » annonça t-elle avec espoir, son doux sourire refaisant surface sur son agréable visage. Elle avait besoin de sa famille, besoin de chacun de ses membres.

Sa concentration revint un peu sur le jeu ensuite, et alors qu'elle allait donner la prochaine indication à l'un des pions, tout vola dans tous les sens sous les gestes de la benjamine, qui, avec un sourire joueur qui lui allait si bien, finit par se jeter sur elle. Un petit cri de surprise s'extirpa des lèvres de Mana, qui tomba au sol, sans pour autant se faire mal. Ses yeux gris-verts observaient Ymir avec un air amusé, et sous les chatouilles, la plus grande des deux se mit à rire aux éclats, à se débattre sous les guilis inépuisables. Elle n'arrivait plus à parler, continuait de rire et son esprit s'égara vers plus d'apaisement, plus de tranquillité et d'amusement au fil du reste de la journée passée en compagnie de sa petite sœur.   

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