18 Septembre 1925. Maman et tonton ont décidé que je serais le fruit de leur création. Je nais avec un physique normal pourtant : des cheveux foncés, des yeux à la couleur non identifiable mais plutôt sombres, et puis j'ai deux bras et deux jambes. Mais surtout, j'ai le sang pur. Très pur. Ils ont réussi, je suis là et je suis vouée à faire perdurer cette famille descendante d'un sorcier à la renommée inégalable.
Je n'ai jamais déçu ma famille. On s'est vite rendu compte que rien ne clochait avec moi : j'étais une sorcière et en plus de ça, une fourchelang. Pas compliqué, ça coule dans les veines de la famille de toutes façons. Salazar Serpentard est notre ancêtre, et je compte bien le rendre fier. Bon, j'étais un peu dérangée quand j'étais petite, mais ça n'a étonné personne, ils ont l'habitude. On était tous comme ça en fait. Tous les enfants. On essayait constamment de démontrer qui était le plus fort et le plus acharné. Bien sûr, c'était moi. Que croyez vous ? Moi, j'avais peur de rien de toutes façons. J'étais discrète en fait. Je montais mes petits coups dans le dos des adultes et je ne me faisais jamais remarquer. Enfin, jusqu'à ce qu'ils comprennent que les mini-incendies et l'odeur putride qui nous suivait venait de moi : j'avais souvent des trucs assez déroutants dans mes poches, je récoltais tout ce que je trouvais. Normal, en même temps, on ne vivait pas vraiment dans un palace. On était pauvres comme des chaussettes mais au moins, on avait la richesse de notre sang. C'est ce que maman disais. Parce que nous au moins, on a fait tout ce qu'on pouvait pour rester le plus pur possible.
Pas comme certains.
Septembre 1935, j'entre à Poudlard. C'est chaleureux, c'est bizarre. Moi je connaissais pas tout ça avant. Je connaissais un peu l'école parce qu'on m'a raconté que quoiqu'il arrive, j'irais là bas et que surtout, je finirais à Serpentard. Le vieux truc qu'on m'a posé sur la tête n'a pas hésité une seule seconde d'ailleurs. J'étais contente. Mais j'ai pas souris parce que bon, j'ai jamais vraiment compris comment ça fonctionnait ça. Moi à Poudlard, j'avais personne. J'ai passé un an à vagabonder et à mal dormir parce que très sincèrement leurs lits sont étranges. J'essayais un peu de suivre le mouvement mais j'ai jamais compris pourquoi on devait se laver autant : y avait rien de familier là bas. Enfin, jusqu'à ce que Tom arrive. Lui, c'est une sorte de cousin assez éloigné à qui je n'avais jamais parlé mais dont je connaissais l'existence parce que bon, faut dire qu'on a beaucoup parlé de lui dans la famille : sa mère n'était pas du tout normale, alors il était le résultat d'une alliance répugnante. Je lui ai jamais vraiment parlé à l'époque, mais lui, je l'embêtais pas. Faut dire qu'il a foutu un sacré bordel aussi. Moi je l'ai admiré pour ça, et je n'ai pas regretté une seule seconde de ne pas l'avoir averti sur ses origines. J'avais pas le droit de lui parler, alors j'ai écouté maman quoi. De toutes façons, il avait bien raison de faire tout ce qu'il a fait, moi, ça m'a beaucoup plut et puis, j'avais pas peur, je ne risquais rien. D'ailleurs, c'est à ça que je pense quand je dois invoquer un patronus.
Merci Tom.
1942-1946. J'explique. Après Poudlard, ça a été beaucoup plus dur que ce que je pensais. J'ai pas tellement galéré à réussir mes examens, loin de là. Rien de transcendant mais je n'ai pas eu de mal à les avoir. Mais bon. Retourner dans la rue pour quelques semaines de vacances, c'est bien. Mais quand on a connu des élèves d'autres familles de sang pur qui eux, vivent dans la luxure, on commence à se poser des questions. Au final, Poudlard m'a manqué et ça m'a rendue dingue. Je ne comprenais pas pourquoi moi j'avais trouvé Poudlard beaucoup trop luxueux alors que d'autres le considéraient presque comme un dépotoir. Pourquoi moi j'avais pas le droit à tout ça, hm ? Parce qu'en fait, on était pas tellement respectés entant que sangs purs, et ça, je ne l'avais jamais compris avant. Moi on m'a inculqué des choses que je n'ai jamais prit la peine de questionner. Ca m'a foutu la haine. Pas contre ma famille hein, eux au moins, ils n'ont jamais trahis leur sang. Mais les autres, ces infâmes pourritures qui trouvaient bon de nous rabaisser alors qu'on avait prit les meilleures décisions plausibles?
Vermines.
1er Janvier 1947. Alors voilà. J'ai galéré pendant presque quatre ans parce que mon nom résonnait mal aux oreilles des sorciers. Les moldus eux, ne nous connaissaient pas, alors j'allais faire un tour chez eux de temps en temps. Parce que personne ne voulait de moi ici de toutes façons. Je ne savais pas comment aider ma famille. J'avais compris qu'on méritait bien plus que cette pauvreté dans laquelle on s'était empêtrés, mais à moins de trouver un sang pur digne de ce nom et de lier ma famille à la sienne, je n'avais aucune issue pour pouvoir m'enrichir. J'avais 21 ans, j'étais une Gaunt. Et depuis ce fameux jour, je suis aussi un vampire. Ce qu'il s'est passé c'est qu'il a réussi à capter mon attention : c'était pas difficile. J'avais tellement l'habitude d'être ignorée que ma naïveté a prit le dessus sur ma prudence, et que j'ai sauté dans les bras dans le premier pseudo-sang pur qui s'est intéressé à moi. C'est pas plus compliqué en fait. Il m'y a fait croire jusqu'au bout, il m'a emmenée dans son manoir après que j'ai promis à ma famille que tout allait s'arranger. J'avais prévu de me servir de lui mais il avait déjà quelques longueurs d'avance. La nouvelle année était proche, ça faisait quelques semaines qu'on se côtoyait. Je n'ai jamais compris pourquoi il a prit autant de temps avant de me mordre. Peut-être que lui aussi, il avait besoin d'attention et de compagnie ? En réalité, c'est lui qui m'a apprit à sourire. Un peu, hein. Il est rare que je le fasse encore, justement à cause de lui. Sauf si j'en ai besoin. Il m'a presque rendue heureuse pendant ces quelques semaines, jusqu'à ce qu'il décide de tout faire foirer et qu'il ne fasse de ma vie un véritable enfer. Son excuse, c'était qu'il me voulait à lui pour l'éternité. Mais j'ai fuis. Il avait souillé mon corps avec ses crocs, mon sang avec cette malédiction dont je n'ai jamais pu me défaire.
Je suis partie.
1947-1996. J'ai voyagé. Je suppose que ma famille est morte quelques années après mon départ. J'ai été lâche, mais je leur ai dit que je partais pour trouver une meilleure vie et pour revenir les aider ensuite. Je ne leur ai jamais dit pour le vampirisme. Ils m'auraient haït : je me savais souillée de sang et je n'avais pas envie qu'ils me le confirme. J'ai eu quelques vies paradisiaques, mais ça n'a jamais duré longtemps. J'ai commencé par la France où j'ai rencontré un charmant sorcier fortuné. Il se disait sang pur mais je savais parfaitement qu'il ne l'était pas entièrement. Mais que voulez-vous ? Je ne pouvais pas être trop exigeante. J'ai vécu avec lui pendant dix ans. Il était bien plus âgé que moi, il avait des enfants, mais il était riche, et c'était tout ce qui m'importait. Je n'avais rien, moi. Alors j'ai continué comme ça, pendant des années. J'ai changé de pays à chaque décennie, à chaque fois que l'on commençait à me dire : "c'est dingue ça ! Ca fait dix ans que je te connais et tu parais toujours aussi jeune!" Ouais. Paraître 21 ans alors qu'on est supposé avoir la trentaine au bout d'un moment, ça risque d'éveiller des soupçons. Je n'aurais pas pu continuer comme ça éternellement. Alors j'ai changé de vie, de pays, d'entourage, de mari. Six fois en tout. Je me suis imposée cette règle. Au bout de dix ans, tu t'en vas. Et c'était bien mieux comme ça. La vie de famille au final, ce n'était pas fait pour moi. Ca me faisait manquer la mienne, et ça me rappelait pourquoi j'étais partie. Je m'en sortais avec du sang de moldu que je volais dans les hôpitaux, mais la plupart du temps je récoltais du sang de porc en boucherie. Parce que malgré ma grande envie de brutaliser ces immondes moldus, je me suis dit qu'il n'était pas judicieux de semer la terreur dans une ville que j'allais quitter au bout de dix ans. Je ne pouvais me permettre de me faire remarquer. Alors j'ai appris à contenir ma colère. Mais je ne sais pas si ça a été vraiment utile.
Je suis impulsive.
Janvier 1996. Après la France, l'Allemagne, l'Espagne, les Etats-Unis, la Roumanie et la Russie, j'ai décidé de retourner à Londres. Oui. Ca allait faire cinquante ans que j'avais été mordue, et j'étais plus forte que jamais. Puis, j'avais lu les journaux aussi, et j'ai vite été informée que Tom allait reprendre le pouvoir. Ce cher cousin aura prit son temps dis donc. M'enfin. Voilà que je suis de retour, et je me donne une année pour retrouver ce salopard qui a fait de moi un monstre. Ca n'allait pas être facile, mais je reprendrais mon nom, ça, je le savais. Peut-être qu'un descendant aurait entendu parler de moi ? Je ne sais pas ce que j'espérais en retrouvant mon identité. Peut-être que lui, me retrouverais avant que je ne le fasse ? Peut-être que ce serait plus facile comme ça. Je suis retournée à la rue. Ca ne m'avait pas manqué, mais j'ai compris que j'avais ça dans le sang. Ironique, n'est-ce pas ? Je n'ai pas du tout peiné à me réhabituer. De toutes façons, à chaque transition, c'était la même rengaine. Alors voilà, maintenant je vagabonde dans le Londres sorcier, des fois je me trouve chez les moldus. J'essaie de faire de mon mieux tout de même pour ne pas trop me faire remarquer. Je ne voudrais pas me retrouver en proie alors que je suis en pleine chasse. J'ai réussi à trouver une certaine stabilité parmi les partisans de Voldemort, puisqu'il n'y a plus que par ce nom que Tom se fait appeler. Ca ne m'enrichie pas, mais ça m'aide à tenir le coup, et à rendre service en même temps. J'éradique, je me nourris.
C'est donnant-donnant.