Les secrets les mieux gardés sont ceux qui n'ont jamais été demandés

Oh lala, cette affreuse pluie ne cessera donc jamais ! Cela devait être la trentième fois que Barbara, exténuée, se retournait dans son lit. L’orage faisait rage dehors, et quelque fois les éclairs illuminaient la chambre, empêchant la demoiselle de trouver le sommeil. Comment ses camarades pouvaient-elles dormir avec tout ce bruit ?! Plus l’Irlandaise s’agaçait, plus Morphée semblait s’éloigner. Le tonnerre faisait vibrer les fenêtres, la pluie battait contre la vitre et les insomnies revenaient de plus belle. Agacée, la jeune fille envoya valser les couvertures d’un battement de pieds rageurs. Elle se leva promptement, attrapa une veste, sa baguette et un livre qui traînait sur sa table de chevet et quitta la pièce.

Tout en enfilant sa veste en grosse maille, elle entreprit de descendre les marches le plus silencieusement possible. Elle n’avait aucune envie de réveiller quiconque et de devoir expliquer qu’elle avait encore peur de l’orage. Pieds nus, vêtue d’un bas de pyjama à carreaux roses et les cheveux en bataille, elle débarqua dans la salle commune. D’un rapide coup de baguette, elle alluma toutes les bougies et approcha un fauteuil de la cheminée. Le feu était presque éteint, mais quelques braises subsistaient et lui apportaient une chaleur réconfortante. Au moins l’orage se faisait moins entendre ici, et la lumière vacillante des bougies avait quelque chose d’agréablement apaisant.

L’horloge de la salle commune affichait une heure du matin, mais Barbara n’avait nullement l’intention de remonter se coucher. On était bien mieux ici plutôt que dans cette chambre à chercher un sommeil qui ne venait pas. Même Saha avait décidé d’être aimable cette nuit-là et pétrissait le ventre de sa maîtresse en ronronnant doucement. Bien calée dans son fauteuil, Barbara caressait son poil bleuté d’une main, tandis que la fatigue commençait à la gagner. Elle était seule après tout, alors elle se lova davantage contre le fauteuil, le chat dans les bras. Plus les minutes passaient et plus ses yeux se fermaient.

Barbara commençait à dodeliner de la tête. Déjà, une douce torpeur s’était emparée d’elle, et le ronronnement doux de Saha avait quelque chose d’étonnement rassurant. L’atmosphère protectrice de la salle commune créait autour de la demoiselle un agréable cocon qui lui faisait oublier l’affreux tonnerre. Alanguie sur son fauteuil, la tête tout contre le dossier, l’Irlandaise laissait le sommeil la gagnait. Du moins, jusqu’à ce que quelqu’un arrive à son tour et vienne lui toussoter dans l’oreille.

Elle ouvrit vivement les yeux tout en se redressant, prête à enguirlander sérieusement le coupable.  Avant de se radoucir bien vite en découvrant le visage d’Alec. A chaque fois, c’était pareil. Dès qu’elle le voyait, Barbara ne pouvait s’empêcher de fondre. Et cette sensation d’estomac noué lui était désormais bien familière. Elle rougit, la petite Barbara, tandis qu’elle essayait de lisser sa crinière toute ébouriffée. Elle se demandait bien quelle figure elle devait arborait au beau milieu de la nuit mais elle se doutait quand même qu’elle ne fut pas au top de son charme. La jeune fille resserra contre elle les pans de son épaisse veste, sachant pertinemment que son haut était quelque peu décolleté. Mais pouvoir Alec avait-il la fâcheuse habitude d’apparaître aux moments où l’on l’attendait le moins ?

« Rien, je n’aime pas l’orage c’est tout. Et toi, qu’est-ce que tu fabriques au beau milieu de la nuit ? T’es encore allé retrouver une fille ? »

Même si cela avait été dit sur le ton de la plaisanterie, sa bouche affichait tout de même une mine amère.  Elle n’avait pas dit ça parce qu’il avait une horde d’admiratrices, ni parce que toutes les filles ne l’arrachaient. Ni même parce qu’elle détestait ce sourire charmant qu’il adressait aux autres. Encore moins parce qu’elle le trouvait tout à fait plaisant et qu’elle l’aurait voulu pour elle toute seule. Non, non et non. Elle n’était pas jalouse. Elle n’était ni moins jolie que les autres, ni moins intelligente. Elle n’avait alors aucune raison d’être jalouse, si ?

Ça devrait être interdit d’être aussi beau… Rapidement, Barbara s’efforça de chasser cette pensée de son esprit. L’idéal pour déraper et dire des choses qu’on aurait mieux fait de garder pour soi, était de laisser ce genre de pensées s’exprimer. Elle esquisse un léger sourire, la demoiselle. Impossible pour elle de ne pas sourire face à un si adorable visage. Alec était sans doute le seul élève de Poudlard à parvenir à adoucir quelque peu le caractère dur de l’Irlandaise. Si sa bonne éducation ne la retenait pas, Barbara passerait certainement le plus clair de son temps accrochée à ses basques.

Pourtant, elle cessa brusquement de sourire lorsque le Gryffondor lâcha l’hypothèse de la jalousie. Une imperceptible  crispation du visage et un léger mouvement de recul s’ensuivirent. Piquée au vif, elle préféra s’abstenir de répondre tandis qu’elle affichait une moue quelque peu offensée. En avait-elle conscience ? Rien n’était moins sûr.

Mais la réponse à la question finit par venir, et le soulagement qui s’empara d’elle l’étonna. Son visage prit cependant une expression plus douce. Elle le regarda s’approcher, à nouveau un sourire au coin des lèvres. Bizarrement, la sensation de sa main sur sa jambe la rendait toute émue. Elle se sentait toute flagada, la pauvre, et comme légèrement ramollie.

Avant qu’il ne gâche encore ce délicieux moment en l’accusant à nouveau d’être jalouse. Elle fronça vivement les sourcils et, les deux mains posées sur ses épaules, elle le repoussa brusquement. Certes, elle n’avait pas une force monstre, mais ce geste voulait tout dire.

« Je suis pas jalouse ! Tu te fais des idées ! » répliqua-t-elle.

Barbara avait rougit sous l’attaque. Non qu’elle soit vraiment gênée. Sans le vouloir, il avait mis juste des mots sur les sentiments que la jeune fille s’efforçait de refouler. Et elle lui jeta un coup d’œil acéré.

« Et arrête de sourire, c’est pas drôle ! » siffla-t-elle.

Avait-il conscience de l’effet qu’il produisait sur elle ? Barbara commençait à en douter. Pourtant depuis ses quatorze ans, il n’avait cessé de lui plaire.  Tout chez lui la séduisait. Son physique avantageux, le son de sa voix, sa tendresse envers elle… Son charisme surtout. C’était très certainement cela qui avait fait chavirer la jeune fille. Pourtant, cette attraction qu’Alec exerçait sur elle, Barbara préférait la garder secrète. Pourquoi ? Elle n’en avait elle-même aucune idée. Mais elle se retenait et jouait, comme lui, la carte de la désinvolture. Du moins, elle essayait.

Et Barbara ne pouvait jamais rester fâchée bien longtemps contre lui, surtout quand il la regardait de cette façon.

« C’est déloyal. » murmura-t-elle, lorsqu’il vint poser son menton sur ses genoux.

Ça commençait à tambouriner dans sa poitrine. D’un coup, son cœur s’était emballé. Inutile de se demander pourquoi. D’un geste quelque peu impatient, elle repoussa légèrement Saha, qui  grogna avant de sauter à terre. La chatte semblait ne pas avoir véritablement apprécié d’être dérangée, parce qu’elle continua de grogner en direction de sa maîtresse avant d’aller se recoucher plus loin. Mais de cela, Barbara s’en fichait totalement. Alec était tout près d’elle désormais, et c’était le plus important. La jeune brune tendit la main vers lui, et fit délicatement glisser ses doigts le long de sa mâchoire.

Elle n’écoutait déjà plus ce qu’il disait. Elle se contenta seulement de répondre par un léger « hum », trop occupée à le contempler. Elle lui sourit même, de ce sourire doux qui est si rare chez elle. Barbara avait bien envie de venir se blottir dans ses bras, de respirer l’odeur de sa peau. Mais la retenue l’en empêcha. A la place, elle passa ses doigts frêles dans la chevelure brune du charmeur, toujours en le couvant du regard. Finalement, l’orage avait eu quelque chose de positif !

Barbara se sentait toute bizarre, tout d’un coup. Elle ne saurait pas vraiment expliquer cette sensation, une sorte de contraction d’estomac et un léger frisson. Elle savait juste que là, elle se sentait bien et qu’elle voulait à tout prix prolonger l’instant. Alors la jeune fille lui fit une petite place à côté d’elle. Quelle chance qu’elle soit obligée de se coller à lui pour qu’ils rentrent tous les deux dans ce fauteuil ! Et elle ne se fait pas prier, la demoiselle. Elle vient se blottir contre lui, le visage enfoui dans le cou d’Alec. Tandis qu’il caresse ses cheveux, Barbara respire à plein nez l’odeur de sa peau.

« Chuis pas fatiguée… » répond-t-elle, la voix étouffée.

Maintenant qu’il était si près, sa retenue et sa bonne éducation n’avait plus un grand effet sur elle. Sans même qu’elle s’en rende compte, Barbara s’était mise à déposer des baisers furtifs dans le cou du jeune homme. Lui résister était bien trop difficile, alors elle préférait ne pas lutter davantage. Lentement, ses lèvres vinrent remonter le long de l’arête de sa mâchoire. Cette fois, elle dépose un vrai baiser sur la bouche d’Alec, et pas seulement du coin des lèvres.

S’il ne l’aimait pas un tout petit peu, il ne serait pas aussi tendre envers elle, non ? Oh bien sûr, elle savait parfaitement qu’il faisait cela avec d’autres filles, mais quand même… Ce n’était pas un comportement d’un garçon qui se fiche totalement de la fille avec laquelle il batifole. Enfin, c’était ce que Barbara croyait. Ou voulait croire.

Elle laisse ses mains fureter le long de son torse, alors qu’elle se rapproche encore davantage. Elle ne pense à rien d’autre, Barbara. Juste à son odeur délicieuse et au contact de sa peau. Elle embrasse son cou, son visage et le peu de peau de sa chemise laisse apercevoir. Et brusquement, elle se rendit compte qu’elle était assise sur ses genoux.

Alec répond à ses avances et il n’en faut pas plus pour que Barbara ne succombe. Son esprit est complètement vide, seul le contact grisant de ses mains sur sa peau compte. La demoiselle penche même la tête en arrière lorsque les lèvres du jeune homme viennent embrasser son cou. Qu’est-ce qu’elle ne donnerait pas pour l’avoir pour elle toute seule… La seule pensée qu’il puisse se comporter de la même façon avec d’autres filles la rend malade. A cette idée, Barbara l’enlace d’un geste légèrement possessif. Elle en profite alors pour laisser vagabonder ses mains dans le dos d’Alec tandis que sa bouche se presse contre la sienne. Lorsque le baiser prend fin, la jeune fille se redresse un peu sur ses genoux et plante son regard dans celui du charmeur.

« C’est toi qui me tente, oui ! C’est toi qui a commencé, je te rappelle… » chuchote-t-elle, avant d’enfouir à nouveau son visage dans le cou du brun.

Cette fois, elle n’y tient plus. Barbara s’empresse de défaire un à un les boutons de sa chemise. Car elle, elle a déjà oublié où elle se trouve. Alors que peu à peu se dévoile la peau d’Alec, les doigts furtifs de l’Irlandaise s’amusent à dessiner les contours de ses muscles. Jamais elle ne s’en lasserait, c’était certain. Plus le temps passe, et plus la demoiselle commence à s’agiter. Ses mains se baladent sur le torse du jeune homme, elles caressent son dos, remontent sur ses épaules. Et la demoiselle lui ôte sa chemise avant de se débarrasser elle-même de son gilet.

Là, Barbara ne veut plus croire qu’elle n’est qu’une conquête parmi tant d’autres. Arrivés à ce stade-là, ne voit-il pas l’effet qu’il produit sur la jeune fille ?

Il fallait reconnaître que ce garçon savait vraiment s’y prendre avec les filles. Barbara avait bien du mal à conserver les idées claires. De toute façon, elle n’avait aucune envie d’être raisonnable ce soir. Bien sûr, elle était dans un lieu public, où n’importe qui pouvait débarquer. Mais là, à cet instant précis, elle n’en avait rien à faire. De plus, la probabilité que quelqu’un descende à cette heure avancée de la nuit était moindre. Et puis, elle ne comptait pas s’arrêter en si bon chemin !

« C’est le risque » murmura-t-elle, en haussant les épaules, un petit sourire aux coins des lèvres.

Les caresses d’Alec la faisaient frémir, c’était indéniable. Et Barbara ne pouvait décemment résister à l’envie de l’avoir pour elle toute seule, ne serait-ce qu’un tout petit moment. Alec était le seul garçon avec qui la demoiselle était allée aussi loin. Il était même largement probable qu’il fut le seul garçon dont la jeune fille est été amoureuse. Mais cela, il ne devait même pas s’en douter.

L’Irlandaise baisse les yeux vers les muscles à nu du jeune homme. Elle le trouvait splendide, c’était certain. Et cela se devinait clairement dans son regard. Elle aurait bien aimé savoir ce que lui, pensait d’elle. Mais par crainte d’une mauvaise surprise, elle n’avait jamais osé le lui demander.

D’un geste tendre, elle passe ses doigts dans la chevelure du brun, tout en continuant de le contempler. Elle vient lui embrasser la joue, et ses lèvres se promènent le long de sa mâchoire avant de finir leur course tout contre son oreille, que la demoiselle mordille doucement. Ses mains blanches descendent sur le cou d’Alec, sur son buste, le long de son torse. Elle se serre encore davantage contre lui, alors que sa bouche continue de déposer des baisers contre sa jugulaire, puis sur le haut de son buste.  Barbara est amoureuse et cela crève les yeux.